Vie de merde

CC Flickr - Astroblue

Il y a des jours, comme ça, où on voudrait disparaître. Des jours où on se demande ce qu’on fout là, à encaisser les (mauvais) coups du sort, à s’enliser d’autant plus qu’on se débat, à ramper vers la sortie d’un tunnel glissant où l’on finit toujours par retomber. Des jours où l’on comprend que la seule chose intelligente à faire est de se coucher tôt pour qu’ils ne durent pas. Des jours où le destin s’acharne en nous gratifiant d’une insomnie qui dure jusqu’à l’aube. Histoire de s’en prendre plein la tronche jusqu’au bout de la nuit.

Alors on écrit une des Chroniques du temps qui passe, où on essaie de déprimer les autres, parce qu’il n’y a pas de raison ! Ils n’ont qu’à être malheureux, comme tout le monde ! On déguise, ou pas, la pilule qui ne passe pas en humour noir, ou en envolées lyriques, pas toujours originales, pas toujours très bonnes, mais peu importe tant que ça soulage.

Il y a des jours où on voudrait juste être un imbécile heureux, comme les autres, rentrer en fin de journée et se caler avec une bière devant TF1, enfourcher sa grosse le soir avant de ronfler du sommeil du juste jusqu’au matin, où une autre page de calendrier tomberait tandis qu’on déplacerait sa médiocrité jusqu’à la grisaille de son bureau.

Au lieu de ça, on s’enferme dans la tour d’ivoire, hautement aristocratique, de ses exigences et de ses questions existentielles. On fuit la médiocrité comme la peste et la banalité comme une ex. On vomit sur la maison de banlieue avec jardinet, les gosses, le chien, la voiture et les invitations entre voisins où l’on cause du prix de l’essence et de son beau frère. On rêve d’un job de haut niveau et d’une vie sans attaches, même pas une plante verte, aujourd’hui à New York, demain à Tokyo, avion en première classe et suites royales. Serrer la pince aux grands de ce monde, et leur donner ses conseils avisés parce qu’on est LA pointure dans son domaine.

Et bien sûr, on n’éprouve de désir pour la chair que lorsqu’elle a un peu d’esprit. Et là, le rêve se fissure et vole en éclats. Chaque jour, on se mange la marche entre ses aspirations et la réalité. Car il est bien plus simple de trouver un 90-60-90 qu’une demoiselle d’esprit.

On peut toujours épouser la veuve poignet, celle qui a le charme sordide d’une pizza froide sur un comptoir de bistrot routier. Côté mécanique, c’est plus facile que d’éjaculer dans une conne, car cela nécessite au préalable d’en avoir envie (de la conne). Et ça, ce n’est pas évident pour tout le monde, même quand elle est sculptée comme un mannequin, pour peu qu’on ait la libido indexé sur le QI de la demoiselle.

En revanche, sorti de la mécanique, il manque tout de même l’essentiel. Soit on en fait son deuil, soit on continue à se faire mal. Quant à moi, je vous laisse, je vais réparer mon armure. Mes proches me trouvent dur… Qu’il se rassurent ! Dans quelques temps ce sera pire…

3 réflexions sur « Vie de merde »

  1. Oh ! Quelle déprimante mélopée. Ode à la pendaison qui plairait à un Vincent Delerm fatigué.
    Premier article que je lis sur ce blog, je suis surement mal tombé car en lisant le à propos je m’attendais à plus d’enthousiasme et de folie créatrice.
    Sans doute la touche d’un mauvais jour que nous avons tous vécu et que je pardonne illico avec un petit sourire en coin car je sais que demain ce sera peut-être à mon tour d’être dans le spleen…

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  2. il y’ a des moment, dans la vie ou en se demande qu’est ce que j’ai fait au bon dieu pour mérite notre sort, car lorsque rien ne vas plus c’est toujours désagréable et on se dit, c’est a cause des autres et rarement a cause de nous même, tout passe et repasse et ne laisse nul place e tout se qui se passe

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